L’Objet Manifest ( ement ) Produit par La Synagogue de Delme et ergastule
Dans le cadre de sa résidence, Ann Guillaume a catalysé les énergies de différents corps de métiers,aux compétences variées et néanmoins complémentaires, pour réaliser un étrange objet. Cet hybride fait de verre, de cuivre et de caoutchouc tressés est le résultat d’une savante combinatoire entre un geste manuel artisanal, support de savoirs millénaires, et une technologie numérique, translation mécanique dans le réel d’un dessin conçu par ordinateur… C’est bien ce floutage des temps, des techniques et des savoir-faire qu’Ann Guillaume met en scène dans cette forme mutante qui aurait traversé les âges en tous sens. Entre arts savants et traditions populaires, archaïsme et futurisme, l’objet manifeste se révèle ambigu. Il échappe à toute interprétation ferme et définitive, et se prête davantage aux spéculations les plus folles. L’ouverture d’atelier est l’occasion pour Ann Guillaume de soumettre à l’interprétation de chaque visiteur la nature de cette curiosité, qui pourrait être tout à la fois une œuvre d’art, un outil ou un élément de décor… En proposant à tous d’observer et de spéculer sur le sens d’un artefact, Ann Guillaume nous incite à mettre en mouvement notre imaginaire, manière de dire que ses objets, dans leur matérialité et leur séduction formelle, restent le vecteur d’une pensée intuitive, profondément subjective, et libre. L’objet qu’elle présente à Lindre-Basse, à la fois fossile et prospectif, préhistorique et extraterrestre, étire la perception du temps et de l’espace. Il nous permet in fine de revoir notre conception de l’Histoire, en suivant une trajectoire non linéaire, faite de fragments épars et enfouis, qu’il nous faudrait en permanence exhumer et recomposer. Marie Cozette
Conversation Exposition Mai 2014 (La Galerie des jours de Lune ‹— 57000 Metz.
Ne pas rester insensible aux confrontations pourrait être le sous-titre de l’exposition Conversation d’Ann Guillaume. La question de l’usage des modalités d’écritures des objets est mise à l’épreuve. Hétérogènes, anachroniques, jouant au jeu de la ressemblance, de la différence, les objets présentés et associés transgressent les habitudes de classification classiques. Entre le familier et l’étrange, entre l’ici et l’ailleurs, donnant une identité sociale à l’objet, et changeant les lois de la temporalité, Ann Guillaume négocie avec le statut des objets. Cet environnement prouve que ni l’identité ni la culture ne sont des entités closes et indépendantes et que tout objet peut avoir «une chance de participer au présent se transformant en avenir.» (J. Clifford, Malaise dans la Culture, p. 24)







